Pourquoi le masculinisme existe-t-il ?

Furies Reloaded
14 min readApr 13, 2020

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Si l’on oublie l’espace d’un instant le débat sur l’écart de salaire entre les femmes et les hommes ainsi que les divers constats d’inégalité du genre faits par les féministes, une poignée d’exemples semblent indiquer que la situation sociale des hommes est plus dramatique que celle des femmes. En effet, les variables présentées ci-dessous sont dans la plupart des pays du monde toutes en grande majorité le fait d’hommes :

  • victimes d’accidents de la route
  • suicides
  • élèves abandonnant leurs études
  • la plus courte espérance de vie
  • décès au travail
  • taux d’emprisonnement

Il est important de signaler qu’il existe aujourd’hui une communauté d’hommes s’exprimant au travers de diverses organisations telles que les Pick Up Artists, les participants à la Warrior Week, ou encore les Masculine Pro Active prônant tous une seule et même chose: le masculinisme pour faire face à une nouvelle adversité des hommes dans un monde de femmes. Le phénomène étant présent dans beaucoup de parties du monde (Europe de l’Est, Corée du Sud, Inde, Israël, au Japon ou encore aux Etats-Unis), je vais tenter de le décortiquer à la lumière de mes connaissances juridiques françaises et américaines.

Depuis les années 90 en effet, suite aux conséquences d’une vague féministe radicale ayant dépassé les frontières des Etats-Unis, nous pouvons observer un amaigrissement des droits des hommes, ou du moins constater que sur ces certains sujets, ils ne sont pas aussi écoutés que leurs compères féminines :

  • La garde alternée de l’enfant en cas de divorce est souvent refusée pour des raisons qui tendent à éloigner le père de ses droits (distance domicile — école, heures supplémentaires en excès, consommation d’alcool, etc)
  • Les pères biologiques aux Etats-Unis n’ont pas les moyens de décider quoi que ce soit sur le futur de leur enfant. La mère peut choisir de faire adopter son enfant sans validation du père biologique
  • Le modèle de Duluth appliqué aux Etats-Unis depuis 2006 pour réhabiliter les agresseurs suite à des violences conjugales, comprend une faille fondamentale en considérant que seuls les hommes peuvent être coupables des violences conjugales
  • Les foyers d’accueil et les numéros d‘assistance pour hommes battus ont disparu en France et dans beaucoup d’autres pays
  • En France le test de paternité peut être illégal si la mère refuse

Il est évident que le rapport biologique à la “production d’enfants” — terme utilisé par une branche majoritaire du féministe actuel, est et restera inégalitaire entre les deux genres. L’un des deux parents est impacté physiquement et économiquement dans le temps dès la conception, tandis que l’autre n’est soit pas impacté, soit seulement secondairement dans l’exercice de la parentalité.

Donner le droit à une femme d’avorter si elle le souhaite, sans demander l’avis de son conjoint, est certes de prime abord inégalitaire vis-à-vis de l’autre géniteur. Mais cela est en fait tout à fait logique puisque l’enfant au sens juridique du terme n’existe pas en-dehors de cette poche appartenant à la mère, tant que l’accouchement n’a pas eu lieu. C’est bien pour cela que dans la majorité des sociétés actuelles, l’enfant n’est reconnu par ses parents qu’à la naissance.

Il n’est donc pas possible d’établir des règles identiques qui s’appliquent aux deux genres.

Seulement la loi telle qu’elle existe aujourd’hui au sujet de la paternité, n’a pas changé depuis les dernières avancées des années 70 où un maximum de droits ont été donnés à la mère pour compenser les politiques patriarcales d’avant-guerre. Ainsi la mère a 8 semaines de congés maternité obligatoires tandis que le père en France n’a pas droit à plus de 11 jours de congés paternité (nous reparlerons de l’insuccès du congé parental dans un prochain article). Ainsi toute femme ayant choisi de faire un enfant seule peut faire valoir son droit à une pension alimentaire, ce qu’on appelle une action aux fins des subsides, d’un père qui n’aura pas reconnu l’enfant. Ainsi la garde alternée ne concernait que 12% des enfants de divorcés en 2010.

Pourtant, des solutions existent et ont déjà lieu dans les pays du nord de l’Europe: au Danemark, 32 des 52 semaines de congé parental peuvent être partagés entre la mère et le père, en Suède le père a jusqu’à 3 mois de congés, et dans ce pays comme en Norvège, une partie des congés revient obligatoirement au père.

Nous pourrions également faire de la garde alternée un principe de base auquel le juge pourrait déroger uniquement au cas par cas. Le droit syndical des pères pourrait être plus écouté.

De telles décisions n’ont été prises ni sur le continent américain ni en Europe de l’Ouest et on peut effectivement se demander si un tel mouvement ne pourrait pas être bénéfique pour les droits des hommes à une complète parentalité et à une meilleure écoute de leur vulnérabilité.

Toutefois, il faut faire attention à l’argumentation du masculinisme, qui n’est certes pas à prendre à la légère, mais qui est absolument à remettre dans un contexte historique et politique.

En effet, le masculinisme veut tirer la sonnette d’alarme sur un état des lieux délétère de la condition masculine face à une popularité du féminisme toujours plus grande, amoindrissant voire empêchant l’expression de leur propre courant d’idées.

Ils évoquent plusieurs signes de cette détresse masculine, cités dans le documentaire The Red Pill de Cassie Jaye: pourcentage de victimes d’accidents de la route, taux de suicide, pourcentage d’élèves quittant l’école avant d’avoir commencé des études, probabilité d’autisme, décès au travail, taux d’emprisonnement…voir tableau ci-dessous:

Tableau 1: Taux de victimes chez les hommes et chez les femmes, en France et aux Etats-Unis, pour un échantillon de variables étudiées. Cassie Jaye, The Red Pill, 2016

Toutefois il est nécessaire de remettre ces éléments dans leur contexte afin de mieux les comprendre.

  • Morts au travail

Le pourcentage d’hommes morts au travail est énorme en comparaison aux femmes. Ce chiffre a une explication essentiellement historique.

Il y a un siècle les femmes n’étaient pas autorisées à effectuer des travaux de manutention ni de conduite de poids lourds. La loi de Vichy promulguée le 11 octobre 1940 en France excluait même les femmes mariées de plus de 50 ans dans le secteur public comme privé. Le statut d’exploitante agricole n’est reconnu qu’en 1965 alors que les femmes sont agricultrices depuis très longtemps, ce qui ne les a pas incitées à créer leurs propres exploitations sans tutelle maritale.

La loi sur la non-discrimination à l’embauche n’apparaît qu’en 1975, donc avant cela, les femmes n’étaient embauchées ni dans la métallurgie ni dans la fonderie. Pendant ce temps aux Etats-Unis, il faut attendre 1974 pour que naisse le premier syndicat pour les femmes ouvrières.

La plupart des faits de mort au travail ayant lieu sur les chantiers de BTP et en manutention [1], les femmes ne sont donc que très peu concernées puisqu’elles ne sont pas représentées dans ces métiers.

  • 80% des suicides sont le fait des hommes

Ce chiffre est effectivement très alarmant. Il faut noter que les tentatives de suicide sont vingt fois plus nombreuses que le nombre de suicides chez les femmes car elles utilisent beaucoup moins les armes à feu et la pendaison, et ont donc plus de chance de survivre [2].

Si on étudie le nombre total de suicides en France d’environ 10 700 par an et qu’on en soustrait la part de suicides d’hommes, on obtient 2 675 suicides chez les femmes. En multipliant ensuite ce chiffre par 20 pour considérer 1 tentative réussie pour 19 échouées, on comprend que 53 000 femmes font une tentative par an, soit presque deux fois plus que les hommes [2bis].

Figure 1: Taux de suicide menant à une hospitalisation, chez les hommes et chez les femmes, Suicide : état des lieux des connaissances et perspectives de recherche — 1er rapport/novembre 2014 - Observatoire national du Suicide

Cette différence semble souligner que les femmes, même si elles sont beaucoup plus à tenter le suicide, utilisent des moyens moins francs. Cela pourrait signaler une forme d’espoir dans la guérison, contrairement aux hommes qui seraient plus sûrs de leurs décisions, mais cela montre également la difficulté des hommes à se tourner vers de l’aide. Ceci nous permet d’évoquer les difficultés de sociabilisation masculine dont nous parlerons en troisième point.

  • Etudes supérieures

Plus d’hommes que de femmes dans la rue, moins de bons résultats chez les hommes… effectivement, les femmes ont tendance ces dernières décennies, à être meilleures à l’école jusque dans les études supérieures (sauf en maths). Les spécialistes mettent en avant plusieurs causes:

  • L’OCDE estime que les garçons lors de leurs études seraient moins “matures” que les filles et évalueraient moins facilement l’urgence de l’anticipation. [3]
  • Le chercheur québécois Egide Royer, auteur de Pour la réussite des garçons à l’école (Ecole et comportement, 2010), a démontré que la lecture est un des points différenciant le plus les performances masculines et féminines. Or, il s’agit aussi d’un facteur d’échec principal à l’école. Les garçons sondés considèrent pour la plupart la lecture comme une activité féminine et ne vont donc pas y être attirés.
  • Les garçons qui ne se satisfont pas de leurs études ont tendance à abandonner, tandis que les filles se font une raison ou considèrent comme plus important d’éviter les situations difficiles; par exemple en France, 2 fois plus de femmes que d’hommes touchent le SMIC [3bis]

Mais ces tendances s’inversent dans les sept années qui suivent leur sortie du système éducatif, puisque deux fois plus de femmes que d’hommes connaissent une situation de non-emploi prolongé, qu’elles sont 13% de moins à obtenir un CDI. Toujours selon l’OCDE, les hommes finissent par compenser leur retard “dans le cadre professionnel et par leur expérience personnelle”.

Ensuite, si moins de femmes meurent à la rue alors que 40% de la population “SDF” est féminine, c’est aussi parce qu’elles en meurent plus jeunes —l ’âge moyen des femmes “SDF” décédées entre 2013 et 2018 est de 45,6 ans contre 49,7 pour les hommes “SDF”, qu’elles subissent des violences liées à leur sexe et que dans 3 cas sur 10, elles ont des enfants avec elles. Elles sont donc plus souvent mises en hébergement et de ce fait elles sortent du réseau du collectif des morts de la rue. Les chiffres sont donc des sous-estimations, et il est malheureusement difficile de connaître les chiffres réels [3ter].

  • La prison

Voyons les choses en face : si à délit égal les femmes encourent des peines moins longues, elles sont surtout beaucoup moins en absolu. Voir tableau ci-dessous :

Tableau 2: Nombre de femmes et d’hommes mis en cause pour homicide en France en 2018. Source: interieur.gouv.fr

Tous âges confondus, excepté en dessous de 13 ans puisque les chiffres ne sont statistiquement pas significatifs, la part des hommes est toujours au moins égale à 80% des homicides atteignant même 92% entre 18 et 29 ans.

Ensuite, cette clémence apparente des tribunaux envers les femmes concernées repose sur trois facteurs :

  • la nature des infractions commises, souvent moins violentes que chez les hommes
  • la complexité de l’affaire, approchée par le nombre d’infractions, plus faible
  • le passé délinquant de l’auteur de l’infraction, souvent inexistant ou moins lourd chez les femmes

Je conseille fortement de lire l’enquête de la Justice Française sur ce sujet, qui explique en détail pourquoi les peines sont souvent moins lourdes [4].

Nous pourrions également aborder le sujet des homicides, puisque ceux commis par des femmes sur des hommes représentent 8% de tous les homicides. Nous pourrions penser que ces meurtres suivent la même logique peu importe le sexe, c’est-à-dire un comportement de garde de partenaire qui tourne mal. Mais selon l’étude de Martin Mary, professeur en psychologie, neurosciences et comportement à l’université de McMaster (Canada) présentée dans son oeuvre Homicides (1989), ces meurtres commis par des femmes sont le plus souvent le résultat de comportements d’autodéfense d’une femme soumise à une violence prolongée et cherchant à sortir de l’emprise de son mari. Le comportement de mate-guarding est aussi repoussé par deux autres arguments :

  • les hommes sont en moyenne 20% plus grands et plus forts que les femmes et ont la possibilité de répliquer en cas d’attaque, ce qui rendrait ce comportement très coûteux pour les femmes.[4bis]
  • Les femmes n’ont pas le problème des hommes de l’assurance de la paternité, elles sont sûres d’être la mère biologique de l’enfant qu’elles élèvent. Le besoin de fidélité sexuelle de leur compagnon est donc biologiquement moindre. [4ter]
  • Les femmes vivent plus longtemps que les hommes

Jusqu’il y a peu, il n’existait pas d’exception à cette règle qui semblait génétique et selon laquelle les femmes ont un avantage car elles vivent plus longtemps que les hommes. Cela a très longtemps été vrai, toutefois cet écart s’amenuise dans les pays où l’homme et la femme ont des pratiques de consommation de plus en plus similaires. J’en veux pour preuve cette étude de l’INSEE, qui montre que depuis 1994, l’écart d’espérance de vie entre les hommes et les femmes a diminué de trois points.

Figure 2: Ecart d’espérance de vie entre les hommes et les femmes de 1949 à aujourd’hui, France, INSEE [5]

Ainsi, les hommes Suisses sont aujourd’hui en quasi égalité d’espérance de vie avec les femmes, les maladies cardio-vasculaires dues au tabac et à une mauvaise alimentation diminuant, ainsi que les maladies cancéreuses [5bis][6].

Si les revendications des masculinistes représentent une réalité à laquelle il faut absolument remédier, il est important de mettre en regard la réalité derrière les statistiques et de ne pas faire de conclusions hâtives.

A l’aune de cet éclairage, comment peut-on expliquer une telle incompréhension entre le courant féministe et le courant masculiniste ?

Les deux courants semblent pourtant vouloir la même chose : l’égalité dans la parentalité, la reconnaissance de la vulnérabilité masculine, l’amélioration des conditions de vie des hommes à la rue, la non-ostracisation des hommes se reposant sur une rentrée d’argent de leur compagne afin d’élever leurs enfants…

Mais ils ne sont malheureusement représentatifs que d’une réalité partielle. Si l’on demande à une femme et à un homme lambda s’ils se sentent concernés par ces revendications respectives, il y a de fortes chances pour que la réponse soit non.

En effet, l’obtention d’un tel monde a des limites et elles existent chez les deux sexes.

  • D’une part il reste chez la plupart de ces hommes et dans notre société un discours sexiste qui porte à penser que bien que malheureux de cette situation, les masculinistes ont du mal à se projeter dans des valeurs différentes. J’en veux pour preuve les discours de Alain Soral par exemple, représentant connu de ce courant de pensée en France, pour qui :

“Le macho est un homme qui respecte sa mère, qui protège sa femme et qui prend soin de ses enfants.”

Le terme “macho” est ici employé dans un truisme. Nous pourrions aussi bien dire que boire du lait c’est aussi boire de l’eau. Certes l’eau est un composant du lait mais ce n’est pas sa définition première. La définition première du macho, c’est avant tout un homme dont la croyance est que les femmes sont inférieures physiquement et intellectuellement aux hommes. Ensuite, comme tout être humain qui se respecte, le macho est, éventuellement, un homme qui respecte sa mère, qui protège sa femme et qui prend soin de ses enfants. Soral pense avec ce sophisme démontrer que le macho reste nécessaire à notre société, que lui seul est capable de respecter les membres féminins de sa famille, et démonte l’idée que les masculinistes souhaitent mettre fin à cette figure du patriarcat. Alain Soral est peut-être une personne très controversée, cette phrase illustre malgré tout très bien toute l’idéologie masculine qui a été diffusée en 2,5 millions d’exemplaires avec The Game de Neil Strauss (Pick Up Artist) en 2005.

Idem avec les propos de Gavin McInnes, masculiniste américain connu des TV shows, qui avait déclaré:

“Women having less salary is God’s nature’s way of saying : women are feeling better at home” [7]

Par là il ne reconnaît pas les difficultés qui se présentent aux femmes lorsqu’il s’agit de négocier leurs propres salaires, de faire valoir la qualité de leur travail malgré les grossesses à venir, ou encore de travailler à temps plein alors qu’elles n’ont pas droit à une place en crèche. Il veut dire par là que si les hommes se libéreraient bien de cette injonction à travailler pour son ménage, ce n’est pas ce que les femmes semblent vouloir.

  • Cela étant dit, les femmes ne sont pas en reste dans cette difficulté à changer l’ordre du monde. Les féministes ont en effet tendance à vouloir représenter toutes les femmes avec un argumentaire qui ne concerne qu’une petite partie d’entre elles. C’est ainsi que suite à un sondage sur plus de 64000 femmes dans plusieurs pays du monde, nous apprenons qu’au Japon, au Mexique et aux Etats-Unis, l’argent sur le compte bancaire du conjoint est important pour plus de 59% d’entre elles. Par ailleurs, l’un des premiers critères rendant les hommes attirants aux yeux des femmes reste encore une taille supérieure à la leur. Cette attente va totalement à l’encontre de l’argument des féministes selon lequel les femmes souhaitent être indépendantes financièrement et ne plus avoir besoin de la protection physique de leur conjoint, et perpétue les injonctions qui sont faites aux hommes pour être séduisants.
Figure 2: Part de la sécurité financière en tant que critère important dans le choix du partenaire amoureux chez les femmes. Ideal Partner Survey, collaboration entre Clue, l’université de Göttingen et MyONE Condoms, Novembre 2019 [8]
  • Enfin, les hommes ont eux-mêmes des difficultés à admettre leur vulnérabilité. Par exemple, ils sont nombreux à constater le manque de structures d’accueil pour les hommes battus aux Etats-Unis. Mais pourquoi aucun homme ne s’est-il lancé dans l’aide aux hommes battus ? Pourquoi le seul refuge ouvert pour cela aux Etats-Unis a-t-il été créé par une femme ?

Ces hommes ne semblent pas identifier la réelle complication dans le fait qu’un homme qui se fait battre par sa femme le cache aux autres. Les brûlures à l’eau de Javel, coups de poings, gifles ou insultes sont pourtant autant de moyens utilisés par les femmes pour humilier et dominer l’autre. Quand on ne parle pas du viol par érection subie ou pénétration sans consentement. Selon SOS hommes battus, sur 100 hommes agressés, 10 déposent des mains courantes, 1 porte plainte. Pour des actes similaires, 10 femmes sur 100 portent plainte.

Les chiffres des femmes qui osent prendre la parole sont déjà très bas en comparaison au nombre réel d’agressions. Pourtant, les hommes osent dix fois moins évoquer leur statut de victime.

De la même manière, dans beaucoup de cas de familicides, la psychanalyse fait état d’une perte de contrôle sur les domaines considérés comme “masculins” par l’homme ayant perpétré le meurtre de sa famille. Un désir et un sentiment de droit au contrôle — en particulier sur les finances et l’unité familiale - est un dénominateur commun fréquent. La perturbation des éléments composant son identité de genre semblent générer une profonde perturbation chez le meurtrier [9].

Il semble donc que l‘impuissance de l’homme pourtant réelle soit un tabou et qu’il puisse être amené à tuer pour ne pas la ressentir.

Il faut bien admettre que de manière générale, hommes et femmes ne sont pas prêts à éprouver de l’empathie envers des hommes vulnérables. Comme le montre cette pub à caractère éducatif de ManKind Initiative mettant en scène un homme et une femme alternativement victimes de violences, les réactions des passants dans la rue sont symboliques : ils interviennent vis-à-vis de la femme agressée tandis qu’ils rient face à l’homme battu.

Le masculinisme est apparu en réaction aux mouvements féministes récents qui ont empêché certaines actions allant dans une direction d’égalité des genres, mais c’est également le produit d’une société où les hommes ne sont pas prêts à se dépourvoir d’un rôle protecteur et puissant. La volonté finale des masculinistes rejoint toutefois celle des féministes : mettre un terme à la soi-disant invulnérabilité pré-supposée des hommes, et faire en sorte que les femmes prennent ce qui leur est dû. Cela sous-tend aussi être prêtes à travailler dans un métier difficile physiquement, abandonner leur enfant au père si la justice le décide, et avoir des attentes légèrement différentes envers l’homme idéal.

Cela est-il réellement envisageable ?

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Written by Furies Reloaded

Universalist feminist aimed at promoting women with muscles and men with make-up.

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